J’aimerai dans l’idéal rencontrer chaque visiteur en personne mais cela est pratiquement impossible. J’ai donc opté pour une solution par l’art qui permettrait aux visiteurs de faire ma connaissance. Pour cela, le genre artistique qu’est le portrait me semblait approprié. Il donne une impression de qui je suis, de mon apparence, et de la manière dont je m’exprime quand je peins. J’ai débuté mon travail d’autoportrait bien avant ce projet. Pour ce pavillon d’accueil, j’utilise donc ces œuvres parmi d’autres plus récentes. Je ne travaille pas à partir de plans détaillés mais j’essaie de laisser mon art mûrir de la même manière que la nature le fait. J’utilise les possibilités données. Lors du développement de mon œuvre, sans que j’en aie l’intention, elles forment d’elle-même des collections uniques. La relation entre les tableaux apparait d’elle-même. Elle est devenue une représentation du cours de ma propre vie. Tout le monde débute jeune et mûrit avec l’âge, que ce soit vous ou moi.
Lorsque je peins un autoportrait, je le fais à partir d’un miroir ou une photo. J’essaie d’abord de capturer les traits spécifiques de mon visage. Simultanément, quelque chose d’autre se produit. J’essaie d’exprimer ma personnalité. Qu’est-ce que je ressens ? Qu’est ce qui m’occupe ces jours-ci? Est-ce que ces activités quotidiennes me comblent? La forme physique de mon visage et ma personnalité finissent par se confondre. Ne me demandez pas comment cela se fait, je ne saurais pas vous répondre. La spécificité de l’assemblage de cette série est qu’elle m’a fait voyager dans mon passé. La mémoire de ces jeunes Carolinas est vivement revenue en peignant ces œuvres, c’était comme si elles étaient encore présentes en moi bien que je sois maintenant plus âgée. J’ai donc redécouvert différentes facettes de ma personne en les dépeignant. L’union de ces tableaux forme une série, l’ensemble de ma vie, un ensemble qui fait ce que je suis aujourd’hui.
Je ne peux pas imaginer que l’art n’ait rien à dire. Je suis humaine, je crée à partir de ma vision de la vie et elle colore ce que je fais. J’aime cette planète, la nature sur cette Terre, les animaux et les êtres humains. En vieillissant, je deviens de plus en plus impressionnée par l’imposante diversité des êtres humains et de leurs cultures. Et pourtant en même temps, je vois autant de similarités biologiques. Nous devrions nous attarder plus souvent sur ce que nous avons en commun. Je désirerais que les hommes d’aujourd’hui et de demain deviennent de plus en plus conscient de ce qui les connecte et qu’ils apprennent à faire face à cette diversité. Elle permet de nous entre-aider et nous inspirer l’un l’autre. Je suis rêveuse. Je rêve d’un beau monde sur cette belle planète. Si nous nous focalisons sur ce qui nous connecte, nous pouvons faire de ce rêve une réalité.